L’odorat, retrouver la voie de notre cerveau émotionnel

retrouver le pouvoir de notre odorat

L’odorat humain (ou olfaction) est le parent pauvre de nos sens.
Jugé trop charnel et synonyme de tentation chez Saint Augustin il a été également déconsidéré par les philosophes. Notre civilisation s’est établie autour du langage, de la parole, de la lecture. Nous avons donc privilégié la vue et l’ouïe au détriment du goût, et surtout de cet odorat devenant l’apanage d’une sorte d’animalité.
Cependant, les humains ont depuis longtemps appris à manipuler les parfums, pour soigner, pour séduire ou pour honorer les Dieux. Il serait peut-être temps de reconquérir ce sens. Je vous propose de retrouver le pouvoir de notre odorat.

 

Goût et odorat sont des sens qui nous fournissent des informations chimiques. Les odeurs aiguillent les prédateurs sur la piste d’une proie. Elles nous renseignent sur nos congénères (leur sexe, leur état de santé, leur stress) et nous permettent d’évaluer la qualité de ce que nous allons manger.

L’odorat : comment ça marche ?

L’odeur d’un sous-bois mouillé après la pluie, le parfum de la lavande, du thym ou d’une rose… Il s’agit de molécules volatiles qui voyagent dans l’air. À chaque inspiration (nous effectuons 23 000 respirations quotidiennes) des millions de ces molécules montent vers les récepteurs du fond de la cavité nasale, puis se dissolvent dans le mucus. Là, les cils des neurones olfactifs captent ces molécules. Tapissé de millions de ces neurones, le nez possède 400 récepteurs capables de différencier plusieurs milliards d’odeurs.

Comme je vous l’expliquais dans un précédent article, ce processus fonctionne également lorsque nous mangeons, car les odeurs transitent par deux voies : la voie orthonasale (les narines) et la voie rétronasale (la bouche et l’arrière-gorge).

Avoir du nez : une affaire subjective

Nous nous accordons très bien sur les sons que nous percevons, sur les couleurs ou les formes que nous voyons, mais plus rarement sur ce que nous sentons par le nez. L’odorat est quelque chose de très subjectif. Une même odeur peut être perçue très différemment d’une personne à l’autre. C’est parce qu’elle est directement liée à l’histoire personnelle de chacun.

Difficile à définir ou à décrire, une odeur pourrait ainsi paraître plus abstraite qu’un son ou qu’une image. Or elle nous ancre davantage dans la réalité que du visuel et de l’auditif. Odeur, toucher et goût nous offrent une expérience sensorielle unique, et nous relient personnellement au monde.

l'odorat nous aide à retrouver des souvenirs profondément enfouis
l’odorat nous aide à retrouver instantanément des souvenirs profondément enfouis

L’odorat, retrouver la voie de nos souvenirs

Notre carte olfactive est conditionnée par les odeurs auxquelles nous avons été exposées tout au long de notre vie. Notre cerveau associe les odeurs à des personnes, à des lieux. Le responsable de cette association c’est le rhinencéphale, une partie très ancienne de notre cortex cérébral. Lorsque vous sentez un parfum, le cerveau va essayer de l’identifier parmi l’immense bibliothèque de souvenirs olfactifs qu’il a stockés et référencés.

Ceux qui concoctent des fragrances le savent bien et cela a même conduit certains magasins à recourir à la chimie des odeurs afin de déclencher des émotions chez le consommateur. Ce marketing olfactif est supposé terriblement efficace parce que l’odorat est le seul de nos cinq sens qui n’accède pas directement à notre conscience, mais qui passe plutôt par le siège de nos émotions et de notre mémoire.

Odeur et conscience

On admet aujourd’hui que certains parfums influent positivement sur notre état d’anxiété ou de stress. Comme les saveurs, les odeurs sont profondément inscrites dans notre mémoire. Cela s’explique parce qu’elles sont extrêmement connectées au système limbique, d’où cette connexion directe avec nos émotions. Le sens olfactif est le sens le plus actif sur notre inconscient. Il nous relie à notre Moi profond ! Voilà pourquoi il est important de retrouver le pouvoir de notre odorat, car le sens olfactif est en étroite relation avec notre cerveau émotionnel.

“Peut-être plus que les images, les saveurs ou les sons, les odeurs possèdent une rare puissance d’évocation, ravivant instantanément notre mémoire.
Elles peuvent nous emporter loin, très loin dans le temps, nous ramener d’un trait à l’enfance, à une personne, un lieu, une situation.” – Dominique Loreau

 

Exercice Pratique de stimulation sensorielle :

Deux par deux, une personne est couchée en position foetale, les yeux fermés. Elle n’a pas connaissance de ce que va faire son acolyte.

La seconde personne choisit un aliment et le lui fait sentir. Ensuite, elle dépose délicatement cet aliment sur sa bouche et fait de petits aller-retours pour la stimuler. Enfin, si la personne couchée ne réagit pas, elle fait glisser l’aliment sur sa peau, de la bouche jusqu’à l’oreille. Que se passe-t-il ?

En théorie, cette pratique réveille les réflexes innés dont nous nous servions en tant que nourrissons. Il est probable que la personne commence par bouger ou étirer les lèvres, tourner la tête puis le reste du corps vers l’aliment en question.

 

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Je parle du corps depuis cinq ans après l’avoir vécu, éprouvé, transformé, forcé et aimé pendant toutes ces années. Comme vous, j’ai vécu des traumatismes, des difficultés à accepter mon corps tel qu’il est. Nos expériences vécues dans ce corps et véhiculées par lui s’inscrivent dans nos chairs et nous marquent à vie. J’ai envie aujourd’hui de vous partager ici quelques réflexions, quelques cicatrices-souvenirs puisées parmi les myriades de transformations de ce corps et l’évolution de mon regard sur lui.

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