Le printemps : retour aux sources de notre être

Printemps et renaissance

Vous le savez, le cycle des saisons est au cœur de ma démarche, car elle est l’expression du vivant, en nous et autour de nous. Dans la roue de l’année, après l’hiver qui a favorisé un retour vers soi, un silence intérieur salutaire, le printemps amorce le retour du mouvement. C’est une saison d’ouverture, de renaissance, de mise en route, d’expansion.

Le printemps et les cycles naturels : renaissance et renouveau

L’apparente nudité et le grand sommeil de l’hiver ne doivent pas tromper. La vie a continué, ralentie, dans les racines, le tronc et les branches principales de la végétation, laissant mourir le superflu, et préparant le renouveau de printemps.

Dans la nature, la sève remonte dans la végétation, provoquant l’éclosion des bourgeons. Le printemps marque le passage vers des énergies plus yang, allant de l’intérieur vers l’extérieur. Les cycles de migration et de reproduction des animaux, des oiseaux, des insectes, reprennent leur cours.

Un calendrier ancestral

L’équinoxe de printemps (Ostara, dans le calendrier païen), le 21 mars, marque ce point de bascule, de retournement des saisons. Dans le calendrier chrétien, la semaine sainte prépare Pâques, grande fête de naissance, porteuse des œufs du monde nouveau.

Puis, le 1er mai, Beltane, dans la tradition celtique, marque le plein épanouissement des forces de vie, et le passage de l’hiver à l’été. La montée des énergies, dans l’hémisphère nord, atteint son paroxysme au solstice d’été le 21 juin, qui marque la plénitude de la saison estivale. Mais ceci est une autre histoire…

Du monde du dessous au monde du dessus : le mythe de Perséphone

Dans la mythologie gréco-latine, ce changement est marqué par le retour vers la lumière de Perséphone (ou Koré, qui signifie « jeune fille » en grec), fille de Zeus, dieu des dieux, et de Déméter, déesse de la fertilité et des moissons. Enlevée par Hadès, dont elle devient l’épouse, elle vit aux enfers et règne sur le royaume souterrain, au grand dam de Déméter, sa mère inconsolable, qui menace d’affamer la Terre si sa fille ne revient pas auprès d’elle.

Au titre d’un accord arbitré par Zeus, il est établi qu’elle vivrait la moitié de l’année sous terre, et la moitié de l’année sur terre, où elle redonne joie à sa mère : c’est alors le printemps et l’été. Ce mythe fonde la naissance des saisons telles que nous les connaissons. Riche de son expérience de reine du monde d’en-dessous, Perséphone peut cultiver sur terre les fleurs et les fruits de la vie. Toute la nature célèbre par sa symphonie le retour de la déesse sur terre.

Cette histoire raconte ainsi l’éternel cycle de « vie-mort-vie », qui irrigue toute l’œuvre de Clarissa Pinkola Estés.

Renouveau

Faire de la place pour le renouveau, accueillir le changement

Aussi notre printemps intérieur a-t-il un lien direct avec la manière dont nous avons traversé l’hiver : nous sommes-nous reposés, recentrés ? Que ramenons-nous du monde du dessous, de notre hiver, pour l’incarner sur terre ? Avons-nous laissé aller toutes les anciennes peaux, versions de nous-mêmes, de nos relations, de nos maisons, pour pouvoir nous actualiser, nous mettre à jour, littéralement – pour vivre au présent ?

C’est le moment du fameux « ménage de printemps » : nous nettoyons, rangeons, trions, jetons, les objets, les projets, les croyances qui ne nous servent plus. Nous laissons aller nos peaux anciennes pour accueillir la mue qui se fait en nous. Certain.e.s sentent l’appel d’un jeûne, d’une cure, de l’arrêt d’une addiction, d’un changement d’habitude, voire d’une grande décision de vie.

On peut avoir peur de « ne pas passer l’hiver », comme dit l’adage populaire… Et on peut aussi avoir peur du printemps. De ne pas cueillir toutes ses fleurs, de ne pas honorer tous ses bourgeons. Dans nos sociétés obnubilées par la performance, les injonctions au bonheur bourgeonnent elles aussi, renforcées par les réseaux sociaux…

Le printemps, entre transition et initiation

Cette période de transition est sensible, à l’image des jeunes pousses encore frêles qui se tendent vers le soleil. C’est une véritable traversée, avec son lot d’initiations. Si le jour est en train de « gagner » sur la nuit, nous pouvons ressentir des mouvements intérieurs en apparence contradictoires : désir de renouveau et hésitation sur les prochains pas, besoin de temps pour soi et recherche de sociabilité, superposition des anciens projets et des nouvelles idées…

J’invite à accueillir ces mouvements de balancier, qui, si on les écoute, et nous offrent un cheminement au plus près de notre âme. Je propose d’entrer à notre rythme dans cette saison, sans rien forcer. Laisser faire en soi et autour de soi le naturel mouvement de la vie…

Au creux de nos ventres, se murmure l’éternelle chanson du renouveau. Maintenant, qu’est-ce qui demande à pousser ? Quels bourgeons vont éclore, quelles graines de projet puis-je arroser ? Que souhaitez-vous cultiver, dans cet espace retrouvé ?

Re-naître, ressentir et s’émerveiller à nouveau

C’est un beau moment pour reprendre pied avec notre nature profonde, instinctuelle, par notre corps tout entier. Par la respiration, nous offrons à notre être l’espace dont il a besoin pour se déployer pleinement.

A l’image de la végétation, nous pouvons particulièrement mobiliser notre colonne vertébrale, en nous étirant, pour favoriser la « montée de sève » et notre propre érection, de la terre au ciel.

C’est aussi l’occasion de nous rendre en nature, et de redécouvrir nos capacités sensorielles. Selon nos conditions et nos lieux de vie, les possibles sont infinis : aller en forêt, au square, ou sur un bout de balcon… Lever les yeux au ciel et se laisser toucher par un bourgeon en fleur. Retirer ses chaussettes pour la première fois depuis l’an dernier, et goûter, pieds nus, au vert tendre qui s’invite sur les pelouses, en plein champ,
prendre un bain de soleil quelques instants…
s’émerveiller du calice parfait d’une jonquille,
accueillir le retour des pâquerettes…
écouter le chant des oiseaux, le retour des abeilles…

A vous de constituer votre inventaire printanier…Belles premières fois à vous !

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Aujourd'hui de plus en plus de monde a conscience que l'homme a un impact sur la nature, ce qui le rend responsable de l'avenir de la planète. Nous pouvons apprendre l'un de l'autre, et il est grand temps à mon avis de le faire. Je propose une voie pour cela : ralentir, prendre le temps d'écouter chacune des saisons, de la découvrir dans son sens profond, et de réaliser que nous vivons, nous aussi, des étapes d'évolution. Heureusement de nombreuses pratiques ont vu le jour afin de répondre aux besoins inassouvis en termes de relation à son corps pour ne plus être en guerre avec lui, ne plus le considérer comme une bête noire.

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