Par Maud Renard de La Onoria 

Architecte de formation et accompagnante en mieux-être gynécologique, on me demande souvent comment ai-je fait le saut entre ces deux pratiques si différentes ? Et à chaque fois cette même réponse : « Je fais en réalité le même métier, je prends toujours soin du corps et l’espace ». En effet, pour moi mes deux métiers ne font qu’un, ce n’est qu’une autre perception du corps anatomique et de l’espace architecturé. J’y retrouve les mêmes sujets. Je vous conte dans cet article les 3 liens principaux que je vois entre corps et espace : l’échelle, la tridimensionnalité et le mouvement. Leurs points communs ? Les sensations ! Ces 3 liens procurent au corps des sensorialités différentes. Mon métier d’architecte était de créer des espaces pour que mes client.es vivent des sensations corporelles agréables dans leurs maisons. Mon métier d’accompagnante en Gyn’émotion® est celui de retrouver des sensorialités confortables dans leur sphère gynécologique. 

Échelle corporelle et émotions

L’échelle corporelle est un sujet récurrent en architecture. Elle exprime une proportion entre le corps humain et l’espace qui l’entoure. Le travail du lien entre le corps et l’espace se fait ici dans la notion de proportion. Celle-ci amène une sensation physique et émotionnelle au corps. Par exemple, elle peut provoquer une forme de vertige physique qui crée une émotion d’éblouissement ou bien une sensation d’écrasement qui provoque une émotion d’oppression lorsque la hauteur d’un bâti est très petite. Les églises sont un exemple très parlant d’échelle démesurée, vous avez sans doute déjà pu ressentir des sensations d’étourdissement en vous plaçant sous une nef à plus de 30 m de hauteur. L’effet voulu était de rétrécir le corps humain et de lui montrer qu’il y a plus grand que lui : dieu. Au contraire, nos maisons et nos appartements sont conçus à notre échelle humaine.

Si je passe à l’intérieur du corps, celui-ci a sa propre échelle. Dans le cas de la sphère gynécologique, j’apprends aux personnes que j’accompagne la dimension exacte de leur utérus qui est d’environ 6 cm (la paume de votre main). Mais cette échelle peut devenir disproportionnelle, lorsqu’il y a des menstruations hémorragiques l’utérus peut se gonfler et prendre beaucoup trop de place, ce qui provoque des douleurs de dos ou de ventre. La sensation de l’échelle de l’utérus peut être également émotionnelle, certaines personnes me témoignent avoir la sensation qu’il prend toute sa place dans leur vie par exemple lorsqu’elles doivent organiser leur vie en fonction de leurs menstruations. Et inversement, je rencontre beaucoup de personnes qui m’expliquent qu’elles ont une sensation d’inexistence de leur sphère gynécologique comme si leur utérus n’existait pas en elle. L’échelle ici est perdue.

Tridimensionnalité et profondeur d’âme

Si vous vous souvenez de vos cours de géométrie dans l’espace en 3ème , la notion de spatialité existe, car la coordonnée Z  est ajouté à l’espace 2D (des coordonnées X et Y). Ce fameux Z ajoute la profondeur en géométrie, mais aussi dans nos vies. Le corps humain est souvent représenté en planche anatomique comme un espace en 2 dimensions. Beaucoup de femmes que j’accompagne n’ont pas la notion que leur utérus, leur vagin ou leurs ovaires ont aussi une épaisseur dans leur corps, l’utérus peut être penché en avant ou en arrière, les ovaires vont vers le dos alors que le vagin lui n’a pas d’épaisseur s’il n’enveloppe rien. Aussi bien physiquement que symboliquement ce passage à la 3 dimension ajoute au corps une puissance, il n’est plus une image, il n’est pas une représentation. Comme dans l’espace, il y a un devant et un derrière, un haut et un bas, des côtés et des diagonales. Amener le corps à vivre dans son épaisseur permet de sentir la densité à son existence. Cela amène à s’incarner dans le vivant et donc d’appeler notre âme à être présente dans notre corps. 

Le mouvement et la vie

Notre corps se différencie des objets grâce au fait que nous soyons animé.es. Nous bougeons ! La présence d’un corps en vie est caractérisée par le mouvement. Et c’est la tridimensionnalité qui le permet, en effet c’est l’espace qui offre la possibilité de se mouvoir. La première approche du mouvement est celui de la respiration. La vie est en nous à travers le mouvement des poumons. Beaucoup de personnes vivent des périodes d’apnée durant leurs journées. Le blocage de la respiration est une des problématiques les plus flagrantes de notre société : elle signifie ne plus être en mouvement et donc ne plus être en vie…

À une autre échelle, vous en avez déjà peut-être fait l’expérience dans une douche trop petite où vous vous cognez les coudes partout sur les parois. Cette douche limite vos mouvements, car elle n’est pas adaptée à votre corps. Inversement n’avez-vous jamais eu envie face à la mer ou la montagne d’ouvrir les bras en grand et de respirer profondément ? L’espace, ici, est immense et amène le corps à un mouvement ample.

Le manque de mouvement dans l’espace pour un corps crée des « adhérences » entre les tissus internes. Comme dans votre douche trop étroite, nos organes internes vont réduire leur mouvement jusqu’à « se coller ». Dans la sphère gynécologique, cela peut alors provoquer des douleurs et des stagnations sanguines, qui ont pour conséquence des kystes ou des fibromes par exemple. L’une de mes pratiques en tant qu’accompagnante est de remettre du mouvement dans le bassin des femmes pour « désadhérer » les tissus utérins, ovariens et ligamentaires. Pour y arriver des outils variés comme le massage ou la danse permettent de remettre de l’espace entre chaque organe et donc de remettre de la vie dans leur corps. 

Le corps est un espace en lui-même qui fonctionne sur les mêmes principes que l’espace qui nous entoure. Aussi bien en architecture qu’en accompagnement le corps et l’espace sont en intrication. Faire vivre la juste échelle, la profondeur et le mouvement dans votre corps vous permet de renouer avec vos espaces internes et externes. Vous pourrez alors ressentir votre juste place au cœur de vos espaces, cette fameuse « place à soi ». 

Maud Renard.

Qu’en pensez-vous ?

Rencontrons-nous et discutons ensemble le mercredi 27 Avril à 19H lors du Webinaire “Une place à Soi”.

Nous en profiterons pour vous en dire plus sur la Retraite Corps & Espace co-animée par Maud Renard et Patricia Olive du 03 au 06 Juin 2022 !

 

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